dimanche 8 juin 2008

Jean de Mailly


Un chapitre entier de l'histoire du goût pourrait être écrite à partir de la frontale du port de Toulon et les rapports qu'entretiennent les toulonnais avec elle.
Ses habitants, en général, en sont très contents.
Jean de Mailly (voir par ailleurs la partie de la reconstruction de Toulon confiée à un varois, Mikélian) a d'abord, en 1951 été très applaudi pour son projet, qui a fait l'objet d'une exposition... grandeur nature, au ... Salon des Arts Ménagers ! Mais notons que l'année d'avant, c'est la Cité Radieuse de le Corbusier qui avait été exposée au Salon des Arts Ménagers !
Ce que l'on voit ici est la maquette grandeur nature présentée à Paris.
Succès critique, succès politique, succès populaire, l'opération fut considérée à l'époque comme le phare de la reconstruction française. Elle commence à peine à être regardée et réhabilitée, aussi bien matériellement qu'intellectuellement.
Mais, verve populaire toulonnaise oblige, elle n'a pas encore fait l'itinéraire historique de la Cité Radieuse ou de la Ville du Havre (dont le béton est maintenant classé patrimoine mondial de l'humanité).
Jean de Mailly, dont c'est la principale réalisation, contrairement à Marseille et au Havre, a fait entrer dans son projet des éléments de rapport au climat, à l'imaginaire de la ville, à la culture méditerranéenne métissée - moucharabiehs et ornements antimodernes et arabisants partout, dont on peut voir qu'ils sont en écho avec, à trois cent mètres de là, les immeubles de Mikélian au Port Marchand, qui sont aujourd'hui mal mis en valeur et isolés.
C'est le même réflexe que celui de le Corbusier au Pradet, qui une seule fois dans son travail s'est laissé aller à une telle sensibilité au climat et à la nature environnante. Parfois l'âme des lieux dépasse les architectes, même modernistes...
Encore dix ans, et on risque le classement aux monuments historiques, d'autant plus que la dernière rénovation est enfin juste (et n'oublions pas que la Villa de Noailles, à Hyères, a manqué d'être détruite...).

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