samedi 7 juin 2008

Rémi Kerfridin


Un illustrateur est il un artiste ? Evidemment, dans mon petit monde, non non non, c'est un artisan.
Mais en ce qui concerne Rémi Kerfridin, on va un peu au-delà. Il dessine, notation juste et chaude du paysage et des mouvements humains, aussi chaude qu'il sourit souvent.
Depuis qu'il dessine, l'édition sur la région de Toulon est devenue heureuse.
Ce dont il a l'art, c'est de transformer le regard des autres. Pas mal, pour un artisan dont l'ensemble du travail garde toujours le même niveau de qualité.
Il y a quelque chose d'enfin tranquille dans le regard sur ici qu'il a fait changer, certainement sans le vouloir, sereinement.
Evidemment (et encore une fois de plus) son nom laisse supposer qu'il vient d'une autre rive, ce qui grandit l'affection qu'il crée sur la beauté de la nôtre. Ce qui me fait penser qu'il y a ici un regard particulier sur la présence de l'étranger, contradictoire souvent mais permanente, richesse toujours vécue paradoxalement. Il y a vingt ans, Toulon n'était jamais regardée, jamais analysée, et il n'y avait strictement aucune édition locale.
Depuis 1995, inversement de tendance, jamais il n'y a eu autant de publications où l'on écrit, photographie, dessine ce qu'il y a ici. Le choc de l'élection d'une municipalité Front National avait créé la première vague d'édition de livres, chacun y allant de son hypothèse et de son regard, et la présence d'un grand éditeur, Mourad Boudjellal, capable de prendre des risques et d'agir grandeur nature, avait fait le reste.
Rémi Kerfridin à lui tout seul est le second phénomène qui a tiré la rade de l'ombre. Avec une modestie, avec une chaleur et une perfection qui vont plus loin sans grands mots.
L'idée même qu'il y a ici un patrimoine a été redécouverte et acceptée en majeure partie grâce à lui. Si une chose peut-être être dépeinte par Kerfridin, c'est qu'on pourra voir sa beauté.
La couverture de son dernier livre le prouve, bien qu'elle ait été prévisible. D'un côté, la très belle église baroque du cours Lafayette, longtemps diluée dans l'ancienne nonchalance urbanistique, de l'autre, ce que les toulonnais ont toujours abhorré mais que Renaud Camus, dans un livre coquin, désignait comme "la frontale du port que l'on verra certainement un jour comme un bel ensemble IVème République". C'est fait, le ministère de la culture consacre même un site internet entier au phénomène.
Rémi Kerfridin est le premier qui aura su dessiner cela en le reliant à tout son environnement.

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